Historique de l’Herboristerie et des Herboristes/4

Les plantes sont utilisées depuis la nuit des temps, et accompagnent les hommes pour se nourrir, teindre leurs vêtements et se soigner. Mais quelle est l’histoire de l’herboristerie ? Le métier d’herboriste a-t-il toujours eu sa place dans la société des hommes ?
Cette série de planches didactiques aborde ces thèmes en suivant une ligne chronologique de 9 panneaux, de la Préhistoire au XXIe siècle.

LES AUTEURS :
Ida Bost, chercheuse en ethnologie de la santé, a soutenu une thèse de doctorat en ethnologie sur les pratiques herboristiques.
Carole Brousse, docteur en anthropologie sociale, auteur d’une thèse sur l’herboristerie paysanne en France.

À partir du XIIIe siècle, la médecine se spécialise. L’art de guérir est progressivement séparé de l’art de confectionner les préparations médicamenteuses. En même temps, l’Église interdit aux clercs de pratiquer la médecine. Deux corporations dominent alors le paysage médical : la corporation des médecins, organisée autour des premières universités, et la corporation des apothicaires, chargée de délivrer les préparations médicales prescrites par les médecins. Les apothicaires ont le droit de préparer des remèdes en utilisant toutes sortes de substances végétales. Les herbiers ne peuvent vendre quant à eux que les seules espèces médicinales locales. Les remèdes sophistiqués vendus par les apothicaires sont surtout sollicités par les populations aisées tandis que les plantes simples achetées aux herbiers sont utilisées par les personnes de condition plus modeste.

Galien et son assistant avec un pilon et un mortier et un scribe chez un apothicaire.

Paracelse Théophraste Bombast Von Hohenheim, plus connu sous le pseudonyme de Paracelse, est un médecin et alchimiste suisse né en 1493 et décédé en 1541. Ses traités et son enseignement ont impulsé un véritable tournant dans la pratique médicale. Paracelse critiquait notamment l’enseignement très théorique de la médecine de son époque, qui reposait essentiellement sur la lecture des anciens traités. Il voulait faire primer l’expérience sur la théorie en s’appuyant sur une connaissance expérimentale de la nature. Il puisait son savoir dans les témoignages des praticiens de la médecine populaire. Il est également connu pour avoir remis à l’honneur la théorie des signatures. Selon cette théorie, découverte sous l’Antiquité, la couleur et la forme des plantes peuvent nous permettre d’en détecter les usages, notamment médicinaux.

Portrait de Paracelse, par Albrecht Dürer.
Boutique d’apothicaire.
Médecin, entre un apothicaire pilant dans un mortier et un herboriste dans un jardin.
gentiane, Gentiana lutea L

La thériaque était une sorte d’antidotaire qui était la panacée de l’époque.

Il n’existait pas de formule unique pour préparer cet électuaire (une préparation pâteuse administrée par voie orale) mais elle était toujours composée de nombreux ingrédients et épices rares et chers.

À côté de ces thériaques réservées aux plus riches, la thériaque dite « diatessaron » (ou « thériaque des pauvres ») était composée de quatre plantes : des racines de gentiane (a priori l’espèce Gentiana lutea L), des racines d’aristoloche (plusieurs espèces dont notamment Aristolochia clematitis L. ou Aristolochia longa L.), des baies de laurier (Laurus nobilis L.) et de la myrrhe (Commiphora myrrha (Nees) Engl.).

Dans les campagnes, l’ail (Allium sativum L.) était également le remède universel. Galien l’appelait d’ailleurs « la thériaque des paysans ».

La Mort et la sorcière, vers 1500.

Cette période est également marquée par la chasse aux sorcières. Du XIVe au XVIIe siècle, plus deux cent mille femmes sont victimes de procès en sorcellerie. Les sorcières utilisaient leur connaissance des herbes pour soigner les hommes et surtout les femmes des campagnes.

CRÉDITS PHOTOGRAPHIES/IMAGES :
Miniature issue d’un ouvrage du XVe siècle, Dresde. Leersum & Martin, A.W. SijthoffLeiden, 1910 – Licence Creative Commons
Collection BIU Santé Médecine/ http://www.biusante.parisdescartes.fr
BRUNSCHWIG, Hieronymus, «Dis ist das Buch der Cirurgia», Édition : Strasbourg : Jean Grüninger, 1497. Collection BIU Santé Médecine///www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/image?00491
Creative Commons.
Antidotaire ; Collectorium chirurgicum, Bernard de Gordone et Guy de Chauliac, 1461. Bibliothèque Nationale de France.
La Danse des femmes, Maître de Philippe de Gueldre, (Enlumineur), vers 1500.
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