Les plantes sont utilisées depuis la nuit des temps, et accompagnent les hommes pour se nourrir, teindre leurs vêtements et se soigner. Mais quelle est l’histoire de l’herboristerie ? Le métier d’herboriste a-t-il toujours eu sa place dans la société des hommes ?
Cette série de planches didactiques aborde ces thèmes en suivant une ligne chronologique de 9 panneaux, de la Préhistoire au XXIe siècle.
LES AUTEURS :
Ida Bost, chercheuse en ethnologie de la santé, a soutenu une thèse de doctorat en ethnologie sur les pratiques herboristiques.
Carole Brousse, docteur en anthropologie sociale, auteur d’une thèse sur l’herboristerie paysanne en France.
Après la chute de l’Empire romain, la recherche médicale stagne en Europe. Des écoles de traduction sont néanmoins créées pour transcrire en latin les traités des médecins arabes comme Avicenne (980-1037).
L’École de Salerne, en Italie, était l’un des plus importants centres de traduction des traités médicaux. On y formait également des médecins et l’on y fabriquait des médicaments. Néanmoins, seuls les plus fortunés avaient recours aux services de ces médecins et aux médicaments qu’ils prescrivaient. Les plus pauvres se tournaient souvent vers les praticiens d’une médecine populaire. Pour soigner leurs paroissiens, les moines fabriquaient notamment, grâce aux plantes mises en culture dans les herbularius de leurs abbayes, des remèdes confectionnés à partir de plantes médicinales.
Différents types de livres consacrés aux usages médicinaux des herbes circulaient au Moyen-âge. D’un côté, les herbiers, classés par ordre alphabétique des plantes, décrivaient la morphologie des espèces et leurs usages. Parmi eux, Le Liber de simplici medicina (Le Livre des simples médecines), rédigé par Matthaeus Platearius, un médecin officiant à Salerne au XIIe siècle, a été largement diffusé. De l’autre, les antidotaires et les réceptaires compilaient des recettes de préparations thérapeutiques. Tandis que les antidotaires répertoriaient des médicaments composés de produits végétaux, animaux et minéraux, rares et chers comme les épices, les réceptaires recensaient plutôt des recettes de remèdes simples, fabriqués à partir de plantes communes. Ces remèdes simples ont donné leurs noms aux plantes faciles d’accès qui les composaient : on parle aujourd’hui de plantes simples.
Hildegarde de Bingen (1098-1178) est une religieuse allemande qui est connue pour son œuvre littéraire, pour ses compositions de chants liturgiques mais aussi pour ses traités consacrés à la médecine. Dans son traité scientifique intitulé Physica, ou Liber simplicis medicinae (Livre de médecine simple), elle décrit les usages de plus de deux-cents plantes. Ses connaissances étaient pour partie issues de ses propres expérimentations, pour partie puisées dans des traités rédigés par d’autres médecins.
Le capitulaire de Villis est un acte législatif rédigé par Charlemagne au IXe siècle.
Dans ce texte, l’empereur préconise la culture de soixante-treize plantes dont les usages médicinaux étaient couramment cités dans les traités médicaux de l’époque.
Citons notamment le fenugrec (Trigonella foenum-graecum L.), la rue (Ruta graveolens L.) et la sauge officinale (Salvia officinalis L.).