Historique de l’Herboristerie et des Herboristes/5

Les plantes sont utilisées depuis la nuit des temps, et accompagnent les hommes pour se nourrir, teindre leurs vêtements et se soigner. Mais quelle est l’histoire de l’herboristerie ? Le métier d’herboriste a-t-il toujours eu sa place dans la société des hommes ?
Cette série de planches didactiques aborde ces thèmes en suivant une ligne chronologique de 9 panneaux, de la Préhistoire au XXIe siècle.

LES AUTEURS :
Ida Bost, chercheuse en ethnologie de la santé, a soutenu une thèse de doctorat en ethnologie sur les pratiques herboristiques.
Carole Brousse, docteur en anthropologie sociale, auteur d’une thèse sur l’herboristerie paysanne en France.

Le perfectionnement de l’imprimerie, à partir du XVe siècle, contribue à diffuser les savoirs. Le XVIe siècle, en particulier, voit le développement d’ouvrages de vulgarisation de médecine. Au XVIIe siècle, les voyages vers les autres continents depuis l’Europe alimentent une curiosité pour les espèces exotiques, dont certaines, comme le thé, le café, le chocolat ou encore le tabac, sont d’abord considérées pour leurs vertus thérapeutiques.

La terrible affaire des poisons, entre 1679 et 1682, relance la question de la dangerosité de certaines plantes et du contrôle de ceux qui les fournissent. Au XVII/XVIIIe  siècle, le système de soin repose globalement sur trois métiers hiérarchisés : les apothicaires, les médecins, et les chirurgiens. Dans les faits, ces corps de métiers ne sont pas étanches et de multiples autres acteurs gravitent autour, à l’image des herboristes. Afin de contrer l’influence des apothicaires qui cherchent à les contrôler, ces derniers demandent la protection de la Faculté de Médecine de Paris à partir de 1752. En échange, ils s’engagent à passer un examen prouvant qu’ils ont une bonne connaissance des plantes médicinales. Mais les évènements politiques s’enchaînent et, en 1791, suite à la Révolution Française, les corporations de métier sont abolies. Cette situation apparaît rapidement comme dangereuse et Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, reconstruit le système médical. C’est dans ce cadre que paraît la loi du 21 germinal an XI (loi du 11 avril 1803), qui définit les droits, devoirs et la formation des pharmaciens. Mais cette loi possède une autre particularité : elle institue un certificat d’herboriste.

Illustration représentant l’arrivée des bateaux de Christophe Colomb en Amériques au XVIe siècle, extraite de "Idea de una nueva historia general de la America Septentrional". Les voyages de Christophe Colomb ont joué un rôle fondamental dans l’arrivée en Europe de nouvelles épices.
Avec le développement de l’imprimerie, les ouvrages sur la médecine se multiplient, à l’image de ce livre de pharmacopée, écrit par un certain Johann Schröder et paru vers 1649.
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Portrait du médecin Barbeu-du-Bourg, qui enseignait la botanique au jardin du Roi durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il fut l’un des professeurs d’Edmé Gillot.

En 1778, l’herboriste Edmé Gillot écrit à la Faculté de Médecine de Paris, se proposant de passer un examen devant les médecins et d’être autorisé à revendiquer, en cas de réussite, le titre d’ « herboriste approuvé par la Faculté ». Edmé Gillot est alors installé dans une boutique en dur, rue de l’Arbre-Sec, et, afin de parfaire ses connaissances, il suit avec assiduité les leçons de botanique délivrées au jardin du Roi. La Faculté accède à sa requête et il passe un examen très complet puisqu’après inspection de sa boutique, on lui présente de nombreuses parties de plantes. « Le temps de la récolte des fruits, des fleurs, des racines, la manière de les sécher, de les monder, de les conserver, les remarques particulières aux plantes aromatiques, ou inodores et aqueuses, aux racines ligneuses, bulbeuses ou charnues, ont été ensuite le sujet de nos questions » peut-on lire sur le rapport rédigé à l’occasion. Gillot réussit brillamment cet examen et est autorisé à porter le titre revendiqué après avoir prêté serment de porter honneur et respect aux médecins et, en général, aux membres de la faculté. Gillot était-il le premier herboriste diplômé ? Pas exactement puisque le certificat d’herboriste n’existait pas encore à l’époque. Mais il fut le premier à subir un tel examen prouvant ses connaissances. Examen qui a probablement joué dans la création, au siècle suivant, du certificat d’herboriste.

La période est marquée par l’intérêt pour les plantes exotiques : ces dessins sont extraits d’un Herbier ou collection des plantes médicinales de la Chine, écrit par Pierre Joseph Buch’Hoz en 1781.

Pour contrer l’influence grandissante des apothicaires, un petit groupe d’herboristes de Paris décide, à partir de 1752, de s’adresser directement aux médecins, considérés comme hiérarchiquement supérieurs aux apothicaires. Ils leur envoient un mémoire, un placet, deux pétitions et deux observations. Ils demandent à être placés sous leur protection et leur contrôle. En échange, ils s’engagent à passer devant eux un examen prouvant la valeur de leurs connaissances. Dans un premier temps, les médecins leur répondent favorablement et deux herboristes, Edmé Gillot et Sieur Louis, passent cet examen en 1778. Mais l’intérêt de la Faculté de médecine pour les herboristes semble s’être arrêté là : l’examen ne fut pas généralisé, malgré les demandes des herboristes de Paris. La complexité du contexte politique explique probablement, au moins en grande partie, le silence des médecins après 1778.

Fèves de cacao
CRÉDITS PHOTOGRAPHIES/IMAGES :
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Collection BIU Santé Médecine/
//www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/image?anmpx09x0138
Collection BIU Santé Médecine/ //www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/image?01739
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