Les plantes sont utilisées depuis la nuit des temps, et accompagnent les hommes pour se nourrir, teindre leurs vêtements et se soigner. Mais quelle est l’histoire de l’herboristerie ? Le métier d’herboriste a-t-il toujours eu sa place dans la société des hommes ?
Cette série de planches didactiques aborde ces thèmes en suivant une ligne chronologique de 9 panneaux, de la Préhistoire au XXIe siècle.
LES AUTEURS :
Ida Bost, chercheuse en ethnologie de la santé, a soutenu une thèse de doctorat en ethnologie sur les pratiques herboristiques.
Carole Brousse, docteur en anthropologie sociale, auteur d’une thèse sur l’herboristerie paysanne en France.
À partir des années 1970, l’intérêt grandissant pour l’environnement et à partir des années 1990 une remise en cause du médicament « chimique » propulsent les herboristes sous le feu médiatique. Les derniers certifiés, à l’image de Marie-Antoinette Mulot, Suzanne Robert, Paulette Duhamel ou encore Serge Benard, publient leurs savoirs afin d’éviter l’oubli. L’herboristerie trouve alors un nouvel essor, profitant de la mode pour les médecines dites « alternatives » ou « complémentaires ». Le savoir autour des plantes médicinales perdure à travers des enseignements privés, à l’image de l’Institut Méditerranéen de Documentation d’Enseignement et de Recherche sur les Plantes Médicinales (créé en 1974), de l’Association pour le Renouveau de l’Herboristerie (créée en 1982), de l’École Lyonnaise des Plantes Médicinales (créée en 1983) ou encore de l’École des Plantes de Paris (créée en 1984). La pratique, la préservation et la transmission des savoirs herboristiques est également en 1982 à la base des motivations de la création du syndicat professionnel SIMPLES qui rassemble alors plus d’une centaine de producteurs de plantes médicinales de montagne.
Pratiquer l’herboristerie après 1941 est néanmoins difficile. Pour beaucoup d’herboristes non certifiés, le plus simple reste d’utiliser les plantes libérées (d’abord 34 espèces à partir de 1979 avec le décret Veil, puis 148 espèces, sous des parties et des formes définies par le décret du 22 août 2008).
Mais ces plantes ne peuvent être vendues accompagnées d’informations d’ordre thérapeutique. Aujourd’hui, seuls les pharmaciens ont le droit de vendre toutes les plantes de la pharmacopée dans un but curatif.
Cette situation semble d’autant plus injuste aux défenseurs de l’herboristerie que le métier est reconnu dans d’autres pays, comme en Angleterre ou en Belgique.
De nos jours, l’herboristerie ne se limite plus à la seule vente de plantes en boutique, mais à de nombreux autres métiers. La suppression du certificat a entraîné un éclatement du milieu et l’herboristerie doit aujourd’hui redéfinir son identité.
Encore récemment, de nouvelles institutions ont vu le jour, cherchant à rassembler les herboristes autour d’un projet commun, à l’image de la FFEH : Fédération Française des Écoles d’Herboristerie, de la Fédération des paysans-herboristes ou encore de Synaplante.
Reconnaître une plante et en évaluer sa qualité nécessite l’usage de toutes les perceptions sensorielles. L’herboriste goûte, sent, touche, caresse, écoute le bruit que fait la plante froissée entre les doigts. Être herboriste, c’est entrer pleinement en contact avec la plante et établir une relation de respect avec elle. Chaque herboriste est unique, comme chaque plante est unique : sa composition exacte dépendra de son âge, de son origine écologique, du contexte de production. Avec son savoir particulier, l’herboriste sait identifier quelle plante est la plus adaptée à son client, en fonction de l’histoire propre de ce client et de son « terrain ».
« Les plantes ou parties de plantes médicinales inscrites à la Pharmacopée et figurant sur la liste ci-après peuvent être vendues en l’état par des personnes autres que les pharmaciens et les herboristes : bardane, bouillon blanc, bourgeon de pin, bourrache, bruyère, camomille, chiendent, cynorrhodon, eucalyptus, frêne, gentiane, guimauve, hibiscus, houblon, lavande, lierre terrestre, matricaire, mauve, mélisse, menthe, ményanthe, olivier, oranger, ortie blanche, pariétaire, pensée sauvage, pétales de rose, queue de cerise, reine des prés, feuilles de ronces, sureau, tilleul, verveine, violette. »
Certaines plantes bien connues pour leurs propriétés médicinales n’ont pas été libérées et sont encore inscrites à la Pharmacopée, relevant du monopole pharmaceutique, comme le bleuet (Cyanus segetum Hill. Asteraceae), le souci des jardins (Calendula officinalis L. Asteraceae) ou le millepertuis (Hypericum perforatum L. Hypericaceae) ou même le plantain lancéolé (Plantago lanceolata L. Plantaginaceae).